Bien que la France soit parmi les pays européens disposant du plus grand nombre d’agences bancaires par habitant, les communautés rurales ont de plus en plus du mal à avoir accès aux services bancaires. Cette situation pourrait encore s’aggraver avec le temps étant donné la fermeture de plusieurs agences dans la plupart des grands établissements bancaires. De ce fait, les communes, en collaboration avec certains acteurs, tentent de trouver rapidement des solutions.
Depuis l’année 2009 jusqu’en 2006, il y a eu une disparition progressive des agences bancaires en France. Selon les données recueillies auprès de la Fédération bancaire française,14,9 % d’entre elles ont fermé leur porte. Selon les estimations obtenues grâce à une étude effectuée au sein du cabinet Sia Partners, le nombre d’agences pourrait diminuer de 37 261 à 32 500 d’ici 2020. Aucune banque ne sera épargnée bien que certaines passent après les autres.
Prenons le cas de LCL par exemple. Il a été annoncé le 7 mars qu’une centaine de ses agences vont encore disparaître en France d’ici 2021 tout en sachant que la banque a allégé son réseau de 20 % des agences.
La situation est encore plus aggravée en Allemagne avec un quart de guichets qui ont été supprimés en 10 ans seulement. Après l’Espagne, il y a la France. D’ailleurs, c’est le deuxième pays disposant d’un nombre d’agences bancaires par habitant le plus élevé, soit 549 agences pour un million d’habitants en 2017, ce qui est largement supérieur à la moyenne européenne (255 agences pour un million d’habitants). Mais cela risque de ne pas durer longtemps vue la disparition progressive des agences bancaires. Cette situation est aussi générée par l’introduction du système numérique. Suite à l’introduction du système digital, les usagers se rendent de moins en moins dans les agences. Ils préfèrent gérer leurs comptes via internet pour éviter les déplacements et pour gagner plus de temps. Aussi, nombreux sont les usagers qui préfèrent utiliser d’autres moyens de paiement à part le cash lors des transactions.
Selon les propos du directeur général du réseau à la Banque de France durant une audition devant le Sénat, je cite « Si on laisse se faire les stratégies individuelles de tous les acteurs, nous arriverons à des points de rupture importants notamment dans les territoires les plus difficiles à desservir ».
En ce qui concerne les distributeurs de billets, le flux est encore plus accéléré. On a constaté une diminution rapide du nombre de DAB (Distributeur Automatique de Billets) sur le territoire. Le nombre était encore à 55 810 DAB en 2017 alors qu’il a diminué à 54 786 fin 2018.
Il convient de préciser que l’installation des DAB nécessite beaucoup d’argent. Implanter un distributeur de billets coûte environ 90 000 euros, sans parler de son entretien qui est à 14 000 euros. A cela s’ajoute le transfert sécurisé des fonds qui requiert un gros investissement surtout celui dans les communes reculées.
Un coût d’implantation élevé pour des appareils qui sont peu rentables. En effet, le nombre de retraits a été estimé entre 3500 à 3000 par mois tandis que ces dernières années, il y a eu seulement 4000 à 4500 retraits, un seuil de rentabilité qui est très faible pour un tel investissement.
Face à cette situation, il est tout à fait compréhensible que les communes rurales s’inquiètent pour leur sort. L’accès aux services bancaires devient de plus en plus difficile. Il s’agit principalement de l’accès à l’argent liquide. Ce qui pourrait entraver à leur qualité de vie et au développement de leur économie.
Étant donné cette situation alarmante, La Banque en France a jugé nécessaire d’élaborer une cartographie montrant explicitement l’accès aux DAB. Ceci afin de montrer leur répartition inégale sur le territoire français. Elle pense établir une politique nationale des espèces. C’est un projet que l’institution va élaborer en collaboration avec l’Etat et la Fédération bancaire française.
D’autres alternatives plus pratiques vont désormais être adoptées comme le développement du « cashback ». C’est un système qui consiste à retirer directement de l’argent auprès des commerçants. Cette solution a été d’ailleurs approuvée en France depuis le début de l’année. Non seulement ce système va permettre aux banques de déléguer les coûts liés à la sécurité des transferts de fonds, mais il permet également d’échapper aux vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.
De son côté, la société de transport de fonds « Brink’s » a décidé de mettre son premier distributeur de billets aux services de la commune de Locmaria- Plouzané (Finistère). Grâce à une étroite collaboration avec la collectivité locale, cette initiative a pu aider de nombreuses communes rurales. L’objectif étant surtout de préserver et de développer l’activité économique grâce à un service de distribution d’espèces. Les communes ciblées sont celles qui ne sont pas desservies par le réseau de distribution bancaire. En optant pour le système de Point Cash, Brink’s France a pu réduire le coût d’exploitation. Ce qui a permis d’abaisser également le seuil de rentabilité pour l’installation ainsi que le coût du maintien d’un distributeur de billets.
A la différence du réseau des grandes distributions bancaires, la fonction de ce système se limite seulement au retrait d’argent. Les matériels et les logistiques utilisés sont très simples. Afin de réduire le coût de domiciliation, Brink’s a établi un partenariat avec la collectivité. Selon les dires du Président- Directeur- Général de Brink’s France, l’objectif de ce système est de permettre aux communautés rurales d’avoir une qualité de vie meilleure.
En gros, nombreuses sont les solutions pouvant être adoptées, mais elles demeurent encore peu répandues jusqu’à maintenant.