Le comportement d’épargne en France

Il y a beaucoup à dire en ce qui concerne l’analyse du comportement d’épargne des ménages français.
De l’épargne « forcée » à l’augmentation de l’épargne de précaution, démontrant les effets croisés de la crise sanitaire et de la loi dite Pacte après un an, les Français ont-ils changé leurs habitudes d’épargne ? Probablement pas. La pression sur le budget des ménages et la perspective d’une dégradation de la situation financière et économique se sont conjuguées pour renforcer la forte propension des Français à épargner (88 %) et les ont même incités à augmenter le montant de leur épargne de précaution.

Le comportement d'épargne en France

Des économies à des niveaux sans précédent

43% estiment disposer d’une épargne de précaution insuffisante pour faire face à la crise. En conséquence, la collecte cumulée sur les placements financiers ont atteint près de 135 milliards d’euros en 2020 contre 71,3 milliards d’euros en 2019, ce qui était déjà un niveau exceptionnellement élevé depuis 2006 où 80 milliards d’euros avaient été déposés. Avec un doublement de la collecte en l’espace d’un an, les dépôts à vue (au total 66,4 milliards d’euros de janvier à septembre) et, dans une moindre mesure, les dépôts sur livret d’épargne (sur livret A notamment) ont également atteint des records niveaux, les dépôts à vue représentant à eux seuls une collecte supplémentaire de plus de 30,6 milliards d’euros réalisée entre mars et septembre 2020 par rapport à la moyenne constatée sur la même période en 2018 et 2019.

Focus sur l’épargne-retraite

La préparation de la retraite s’ouvre en tant que nouvelle opportunité. Il s’agit d’une « préoccupation majeure », pour 55 % des Français dans leur ensemble, et 69 % des 35-64 ans. Ils préfèrent cependant épargner pour leur retraite via des actifs « non spécialisés » comme l’achat de leur résidence principale, une assurance-vie ou des livrets d’épargne. Les supports spécialisés tels que les plans d’épargne retraite individuels, les plans d’épargne salariale et les plans d’épargne collectifs sont nettement moins prisés dans leurs stratégies d’épargne. Malgré cela, dans un contexte où les ménages préfèrent préserver la liquidité de leurs investissements, l’ouverture des régimes de retraite individuelle (qui pourrait atteindre 500 000 à 600 000 assurés d’ici la fin de l’année) représente un véritable succès. La loi Pacte, qui permet une flexibilité en termes de choix de produits et d’utilisation immédiate, a prouvé son utilité à cet égard. Mais sa très faible notoriété (79 % des Français n’ont pas entendu parler de cette réforme) limite encore son impact.

L’épargne retraite est à la fois une alternative à d’autres investissements risqués dont la part dans l’épargne des ménages diminue depuis la dernière décennie et, conformément aux souhaits exprimés par les investisseurs français, une opportunité de canaliser leur épargne vers des investissements utiles à la fois pour l’économie et pour les organisations d’entreprises.